Vacances romaines # 1
Après ce mois d'une tristesse absolue, je ne savais pas si j'aurais la force de maintenir le voyage à Rome qui était pourtant préparé depuis le printemps.
Elle s'enthousiasmait pour nous à l'idée de nous savoir déambulant parmi les merveilles de la ville éternelle. Alors pour elle, pour sa mémoire, nous ne pouvions pas annuler le voyage, même si le coeur n'y était vraiment pas.
La force de vie nous permet d'avancer, et même dans ces moments douloureux où tout semble s'interrompre, se figer, les petites étincelles surgissent et nous portent, autant de signes que ceux qui nous sont chers et qui ne sont plus nous envoient sans doute pour nous rappeler qu'il y a tant à faire et qu'il faut en profiter.
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M’émerveiller de nouveau devant la beauté de la Ville Eternelle figurait depuis longtemps sur la (très) longue liste de mes envies.
Ce voyage, je l'ai concocté un peu égoïstement je l'avoue...
Voilà près de 30 ans que je n’avais pas déambulé dans les rues de Rome. A l’époque, c’était avec ma meilleure amie que j’avais redécouvert cette ville que j’avais visité auparavant, du haut de mes six ans.
Je m’en souvenais pourtant parfaitement, surtout le Forum Romain et la Fontaine de Trévi.
A 20 ans, c’était une autre vision, alternant visites culturelles, shopping, et sorties.
A *** ans (je vous laisse faire le calcul 😉), j’avais envie de me fondre dans la vie romaine tout autant que de revoir tous les monuments qui m’avaient impressionnée par le passé.
En quatre jours, il fallait sélectionner un peu car il y a tant à voir…
Nous avons visité les incontournables bien sûr, et essayé aussi de découvrir l’envers du décor, difficilement, car la ville était littéralement envahie par des hordes de touristes.
Je n’ai pas retrouvé l’effervescence italienne qui m’avait charmée à l’époque. Nous n’avons pas vraiment senti battre le cœur de Rome en ce début d’été, mais sa beauté était toujours aussi saisissante, au gré de nos déambulations romaines et de nos découvertes.
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Décollage de Roissy Charles de Gaulle par le premier vol d’Air France à 8 heures du matin, pour profiter pleinement de notre premier jour dans la capitale italienne.
Deux heures de vol et 40 minutes de taxi plus tard, nous voilà prêts à affronter la chaleur.
Nous commençons par nous perdre dans les ruelles du Ghetto, qui offrent une ombre bienfaitrice tout autant qu’un cachet désuet.
Les petites échoppes subsistent ici, une mercerie, un tapissier, un céramiste, ou une droguerie pleine à craquer de petits objets du quotidien italien (j'adore fureter dans les rayons de ces boutiques d'un autre âge).
Premier déjeuner romain à l’ombre du Portique d’Octavia, loin de la circulation et de l'agitation.
Artichauts grillés à la romaine, fleurs de courgettes garnies à la ricotta et aux anchois, aubergines à la parmeggiana…pas d’inquiétude pour la petite végétarienne, elle pourra se nourrir.
Le Panthéon est tout proche, en passant par le Largo de la Torre Argentina, où Jules César fut assassiné.
Les ruines du théâtre ont beaucoup de charme, bordées de pins parasols. Les lieux sont étonnamment calmes, bien que tout autour règne une certaine agitation et circulation car c’est un des arrêts principaux de nombreux transports urbains.
Le calme n’est pas de mise au Panthéon.
Une foule immense attend en une longue file qui serpente autour de la fontaine. Nous passons vite notre chemin, nous visiterons cet édifice de toute splendeur le lendemain, tôt le matin et presque seuls …
Profitons de ces quelques jours sans contraintes pour flâner, au gré de nos envies,
décidant de nous perdre un peu du côté de la Piazza de la Minerva et son drôle d'éléphant,
pour mieux retrouver le chemin du plus ancien glacier romain, le mythique Giolitti devant lequel Audrey Hepburn et Gregory Peck virevoltaient. Une découverte de saveurs incomparables, que je ne retrouve que chez les glaciers italiens. Mon choix ce jour là : Cassata siciliana (une crème vanillée à la ricotta et fruits confits), Vacances Romaines (un pur délice de figues, noix et miel) et un délicat sorbet à l’orange.
En chemin, renoncer à jeter une pièce dans la Fontaine de Trévi, la foule empêche toute approche du bassin.
Les sculptures impressionnantes de Nicola Salvi, le jeu de la lumière d’un après-midi de juillet sur l’eau qui scintille font oublier le monde bigarré et bruyant qui se presse pour l’admirer. Dans l’angle droit, un drôle de cône fait un peu figure d’intrus dans la composition pourtant parfaite de l’œuvre.
On dit que la fontaine avait été critiquée par les riverains de l’époque, et particulièrement par un barbier qui reprochait au chantier de lui faire perdre sa clientèle (un grand classique décidément). Vexé par ces critiques, le sculpteur décida de boucher la vue sur son œuvre depuis l’échoppe du barbier en construisant ce cône un peu incongru…
Non loin de là, il y a San Crispino, un autre glacier célèbre de Rome, mais nous sommes raisonnables et passons notre chemin, pour aller admirer une autre fontaine, celle des Tritons, sur la place Barberini.
Cette place étant un carrefour très encombré et bruyant, nous ne nous attardons pas et filons par la via Sistina vers la Trinita dei Monti.
Moment de recueillement et de fraicheur dans cette église, patrimoine français à Rome. Je ne sais pas pourquoi (enfin si, je sais exactement pourquoi...), mais je ne peux y rester très longtemps, trop d’émotion d’un coup en écoutant le Stabat Mater qui résonne…
Retrouver le soleil, la vue splendide sur la ville, et au loin St Pierre qui veille sur nous.
Retrouver la vie, l’agitation, les vacances.
Par ce chemin, nous avons choisi la facilité : aborder la Piazza di Spagna par le haut, pour s’éviter de gravir les marches vers la Trinité des Monts et la villa Borghese.
La ville aux mille fontaines porte bien son nom, et celles qui ponctuent le chemin vers la villa Médicis sont autant de points d’eau salvateurs tant il fait chaud. Un conseil, n’oubliez pas vous gourdes car l’eau des fontaines est d’une incroyable pureté et fraicheur. Inutile de vous ruiner en bouteilles en plastique qui polluent, privilégiez vos propres contenants, réutilisables à l’envie.
La troupe commence à être fatiguée, et nous abandonnons l’idée d’arpenter la villa Borghese.
Descente vers la Piazza di Spagna, écrasée de soleil.
Admirer la Vierge juchée en haut d’un obélisque au pied duquel les romains se réunissent tous les 8 décembre pour la vénérer.
Ralentir le pas, faire du lèche-vitrines devant les boutiques chics du Tridente, puis rentrer par la Via del Corso vers l’hôtel, épuisés par près de 13 kilomètres de marche.
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Carnet pratique :
The Little Queen, via Florida, n’est pas tout à fait un hôtel comme les autres (pas de réception permanente), ni tout à fait une maison d’hôtes. Installé dans un immeuble du XVIIe siècle, il ne dispose que de six chambres, certaines donnant sur les ruines du Largo de la Torre Argentina (c’était le cas de nos deux chambres),
et d’autres sur la petite cour et terrasse intérieure.
Dans chaque chambre, les plafonds à caissons d’époque ont été joliment restaurés.
Idéalement situé dans le Centre Historique. En revanche, l’absence de réception permanente n’est pas des plus pratiques.
Pour le déjeuner, on nous avait conseillé Da Giggetto, via del Portico de Octavia. Une très bonne adresse pour déguster des spécialités romaines, à des prix très raisonnables. La terrasse donnant sur le Portique est très calme.
Giolitti, via Uffici del Vicario, pour les glaces du jour, incontournable.
Et Tre Amici, via della Rotonda, tout près du Panthéon pour le diner. Une trattoria familiale, simple, avec ses nappes en vichy. Peu de touristes. On y déguste de très bonnes pâtes, et la spécialité de la maison, des cannellonis au veau. Pour les gourmands, le tiramisu vaut le détour. Là encore, l’addition est très raisonnable.
Autant l’hôtellerie est chère, autant vous pouvez vous régaler à quatre, sans vous ruiner.