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Slow Down
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29 décembre 2019

La servante écarlate, Margaret Atwood

La_Servante_ecarlate

The Handmaid's tale.

Vous en avez sans doute entendu parler, car la série connait un succès énorme.

Pour ma part, je ne l'ai pas regardée (pas encore...), préférant lire le livre que j'ai découvert l'été 2017 en lisant l'excellente chronique d'Olivia de Lambertie dans le numéro 2 d'America.

J'ai été littéralement absorbée par ce livre tellement dérangeant, par cette description de la société américaine qui aurait viré au cauchemar.

Rentrer dans l'univers sordide de la République de Gilead est une aventure littéraire angoissante. Comme un miroir sans tain qui vous laisserait apercevoir tout ce qui vous répugne chez l'être humain ; une réplique des horreurs de l'histoire passée, mais aussi de celles que l'on peut voir de par le monde et qui nous semblent intolérables.

Et voilà que ces régimes didactoriaux, qu'ils se revendiquent d'une idéologie politique poussée jusqu'à l'absurde et à l'inhumanité, ou d'une application soi-disant fidèle de préceptes religieux d'un autre âge, seraient réunis entre les mains d'hommes devenus fous.

L'Amérique est devenue une terre de désastre écologique, si nocive que la fécondité a quasiment disparue. 

Pour permettre à la société de perdurer et de se reproduire, le pouvoir qui s'est mis en place suite à un coup d'état décide de transformer les femmes encore fécondes en esclaves uniquement destinées à reproduire. Ce seront les servantes écarlates, habillées couleur de sang, seulement considérées pour leur utérus, mises à disposition des familles des hauts-membres du Parti.

Leur vie n'est qu'un lent cauchemar, une attente angoissante d'être enfin enceintes après des accouplements qui ne sont qu'une mascarade.

Le régime en place a bani tout ce qui rappelait l'ancien temps, celui de la liberté, où les femmes travaillaient, où chacun était libre de penser ce qu'il voulait.

Désormais, la police politique traque sans relâche les opposants et met en scène chaque jour les exécutions.

Les femmes, quelles qu'elles soient, ou qu'elles aient été, n'ont plus aucun droit. Elles sont soit des épouses de bleu vêtues, soit des servantes écarlates, soit des magdas en robes vertes. Les femmes de pouvoir d'autrefois sont devenues des prostituées, enfermées dans un ancien hôtel prestigieux, transformé en maison close où tous les vices sont hypocritement contenus bien à l'abri dans son enceinte. 

Au dehors, on ne parle que de vertu, de Dieu et de sa grandeur...

Ce monde fou et totalement imaginaire rappelle pourtant bien des pages de l'Histoire. 

On pense aux horreurs de la folie meurtrière des nazis, aux purges staliniennes et à la terreur du régime communiste dont les témoignages nous ont tant marqués à Budapest. On y voit aussi la démence de l'état islamique, cette annhilation de la plus simple trace d'humanité et de la condition féminine.

Mais pourquoi ce monde qui n'existe que dans les pages de Margaret Atwood m'a-t-il tant troublée ?

Parce que, dans les dérives de la société actuelle, j'y vois certains signes de la transformation qu'elle décrit dans son livre et qui ont conduit à la bascule vers l'ignominie.

Elle est parfois visionnaire, comme dans sa description du système bancaire, qui permet au coup d'état de frapper et d'anéantir toute forme de réaction. En contrôlant les revenus des gens, alors que la monnaie n'existe plus, la dictature peut librement prendre toute son ampleur.

A l'heure où l'on parle de plus en plus de dématérialiser l'argent, la lecture de la Servante Ecarlate vous fait réfléchir en montrant toutes les dérives possibles...

La force de ce livre est de vous rappeler que rien n'est jamais acquis, et que la société bien confortable dans laquelle vous évoluez peut basculer rapidement, sans que vous n'ayez la force de réagir d'abord car tout ceci vous paraît improbable, jusqu'à ce qu'il soit trop tard.

Cette liberté que vous chérissez sans vraiment réaliser la chance que vous avez tant cela vous parait normal, n'est peut-être pas si immuable...

***

Notre fonction est la reproduction : nous ne sommes pas des concubines, des geishas ni des courtisanes. Au contraire : tout a été fait pour nous éliminer de ces catégories. Rien en nous ne doit séduire, aucune latitude n’est autorisée pour que fleurissent des désirs secrets, nulle faveur particulière ne doit être extorquée par des cajoleries, ni de part ni d’autre ; l’amour ne doit trouver aucune prise. Nous sommes des utérus à deux pattes, un point c’est tout : vases sacrés, calices ambulants.

***

Faites un acte de résistance, entrez dans l'univers perturbant et la solitude de Defred, l'héroïne malheureuse qui résiste pour être libre au moins dans sa tête.

La Servante Ecarlate, de Margaret Atwood, aux éditions Robert Laffont.

handmaids-tale-e1513866929218Photo du net

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Commentaires
M
La série est très bien et tout aussi terrifiante. Il faut cependant s'accrocher au début. J'avais lu le livre il y a une dizaine d'année. Il me semble que cela est un peu différent. Ton post me donne envie de le relire... Bonne semaine !
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V
j'ai tenté de regarder la série...sans parvenir à y accrocher, trop de longueur à mon gout...peut-être que le livre me plairait plus ? c'est en un seul tome ?
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