Chroniques littéraires de l'été #1 - Seule Venise, Claudie Gallay
Retour à Venise le temps d'un livre.
Seule Venise vient s'ajouter à la longue liste des livres où la Sérenissime est au coeur de l'action.
Rien à voir cependant avec les enquêtes de l'inspecteur Brunetti.
Claudie Gallay a choisi de nous révéler la ville l'hiver et nous emmène dans les errances de la narratrice perdue dans la cité comme dans sa vie.
On ne connaîtra pas son prénom. On sait seulement qu'elle ne se remet pas d'une histoire d'amour brisée.
Son amant l'a quittée, alors, avant de sombrer dans la détresse elle quitte sa vie d'avant, et part vers l'inconnu.
Ce sera Venise.
Dans le Castello, une pension qu'on devine un peu décatie lui sert de port d'attache.
Seulement trois pensionnaires, un couple d'amoureux Carla et Valentino, (mais le sont-ils vraiment ?), et un vieux prince Russe taciturne, en fauteuil roulant, qui vit par procuration.
Elle lui raconte ses errances dans la ville qui parait presque inhospitalière dans le froid, la neige, et l'Aqua Alta qui menace.
Elle lui parle de ce libraire étrange et bougon qui la fascine et l'attire, dans sa quête de l'amour absolu.
C'est sans espoir, elle le devine plus qu'elle ne l'admet. Mais elle se nourrit de sa culture, elle qui ne connait rien. Elle se nourrit de cet espoir qu'il fait renaître.
Chaque jour elle rapporte au prince des bribes de la vie vénitienne, elle l'apprivoise.
Lassé de sa solitude de vieillard, il lui raconte sa vie, et son amour perdu : Tatiana.
Ce livre à l'écriture abrupte, vive, nous raconte la détresse des sentiments en phrases courtes et rythmées, comme essouflées, comme l'héroïne.
Une étrange balade dans une Venise qu'on reconnaît à peine. La ville est au second plan, et pourtant omniprésente.
Ses dédales accentuent la perdition sentimentale, et les rares personnes qu'elle croise sont comme les ombres de ses amours perdues.
J'avais aimé le style un peu brusque de Claudie Gallay dans Les Déferlantes.
J'ai suivi sans relâche les errances de cette femme, arpenté avec toujours autant de passion les rues de Venise.
Vous aimerez vous perdre avec elle, j'en suis sure.
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Dans une odeur, quand on peut retrouver une part de son enfance...Cela n'a pas de prix.
Seule Venise, de Claudie Gallay, aux Editions La Brune.