Road trip USA # 6 - Navajoland, Canyon de Chelly, Arizona
Nous étions entrés en territoire Navajo à la tombée de la nuit, sans vraiment nous en apercevoir.
Un état dans l'état, comme nous allions le découvrir.
Sur les terres Navajo, on vit à l'heure Navajo (celle de l'Utah, soit une heure de plus), on paie une taxe tribale.
On ne peut pas dire que les Navajos soient accueillants, c'est d'ailleurs les seuls moments du séjour où nous avons été reçus dans une totale indifférence.
Et malgré cela, le Thunderbird Lodge où nous avions fait étape était un havre de paix, confortable et joliment décoré.
S'insérant totalement dans le paysage, niché dans le Canyon de Chelly.
Ce canyon est méconnu, injustement.
Les touristes filent directement à Monument Valley à quelques 150 kms, ignorant qu'à quelques miles de la route, près de Chinle, se cache un lieu pourtant magnifique.
Nous étions seuls la plupart du temps,
savourant cette solitude du haut des rochers perchés comme en équilibre sur le bord du canyon.
Contemplant à notre guise la douceur des couleurs, contraste des cultures verdoyantes dans le fond du canyon, et des roches rouges.
Scrutant l'autre bord du canyon à la recherche des cowboys et des indiens, comme dans ces westerns que l'on regardait gamins le mardi soir.
C'était tellement surprenant et excitant d'avoir l'impression d'être passés de l'autre côté de l'écran, et de faire partie du film !
Peut-être étions nous envoutés par la déesse araignée qui protège les habitants du canyon ?
Une divinité Navajo qui vit en haut de Spider Rock, immense monolithe planté à l'extrémité sud du canyon, là où la route se termine en cul de sac, et où il n'y a plus que des pistes poussiéreuses.
Tout au long de la route, disséminées ça et là, des habitations sommaires, se rapprochant plus de cabanes de tôles que de véritables maisons.
Des chevaux qui se promenaient en liberté, loin, très loin de l'image aseptisée que l'on a des Etats-Unis.
De quoi vivent ces gens, perdus dans ces terres poussiéreuses et arides ?
Encore un autre visage de l'Amérique que nous avons découvert, et qui a définitivement écorné le rêve américain.
Nous n'avions pas eu le temps de visiter le Trading Post de Ganado, sur la route de Chinle, le tout premier construit par un pasteur qui s'était parfaitement intégré aux Navajos, qui le vénéraient comme un des leurs. Mais ce qui nous observions autour de nous, laissait la curieuse impression que, malgré la modernité apparente représentée par les sempiternels fast-foods, le temps n'avait pas de prise ici, et que ces gens vivaient entre leur monde, le monde de Diné, celui du peuple Navajo, et le monde "moderne", ou du moins, les bribes de ce monde arrivé jusqu'à eux.
C'était fascinant et un peu déprimant.
Aridité des terres, aridité culturelle, je me suis sentie totalement dépaysée, perdue loin de mes repères.
Mais cela aussi fait partie des bienfaits des voyages, être un peu déboussolée alors qu'on ne s'y attend pas !