Road trip USA # 5 - En route vers Petrified Forest et Painted Desert, Arizona
Quitter le Grand Canyon fut difficile.
S'arracher à sa beauté majestueuse, ne plus se perdre en contemplation face à l'immensité, était presque impensable.
Mais la promesse de découvrir d'autres lieux extraordinaires nous poussa tous à reprendre la route.
La route 64, une petite route sinueuse et magnifique, entre Grand Canyon et Cameron
On quitte peu à peu la forêt de conifères pour descendre vers des paysages plus arides où les panneaux vous mettent tout de suite dans l'ambiance !
Les derniers arbres laissés derrière, on aperçoit une grande faille, celle du Little Colorado.
Le canyon que longe la route est de dimensions beaucoup plus modestes que celui que nous venons de quitter, et pourtant, il nous fascine aussi car on peut vraiment l'apercevoir dans toute sa profondeur.
Tandis que nous devinions l'ampleur de son grand frère, Little Colorado offre un spectable plus abordable, et pourtant encore vertigineux.
Première visite en territoire indien. Chaque point de vue sur la rivière ne peut se faire sans payer un droit d'entrée. Nous découvrirons plus tard encore bien d'autres aspects de la gestion touristique des Navajos et de leur mode de vie, pas toujours des plus heureux...
La route sera longue ce jour là entre le Grand Canyon et le Canyon de Chinle, quelques 500 kms plus loin.
Sur la carte, cela semble un saut de puce, mais lorsque la route s'étire, rectiligne sur des kilomètres, elle vous parait interminable.
Et pourtant, les paysages changent rapidement car à peine 50 kms après Cameron, en direction de Flagstaff, nous voilà déjà en pleine ascension, à travers la forêt de pins de Cocorino, à plus de 2000 mètres d'altitude, entourés de montagnes impressionnantes des San Francisco Peaks.
Flagstaff est parait-il une jolie ville, mais nous avons continué notre chemin pour rejoindre la route 66 à Holbrook, une autre ville la célébrant. Des vieilles enseignes partout, cette ville dégage une atmosphère d'antan, même si elle devait être nettement plus animée autrefois.
Si vous y allez, arrêt obligatoire au Joe and Aggies café, là où le producteur de Pixar a trouvé l'inspiration pour créer Cars.
Ce tout petit restaurant célèbre à sa façon le dessin animé, et on retrouve en effet l'ambiance du film, un brin surrannée.
De vieilles banquettes, un vieux juke-box, mais des serveuses aimables et attentionnées et une très bonne cuisine mexicaine, sans doute l'une des meilleures du séjour. Et toujours cette curiosité et cet accueil chaleureux des touristes étrangers. L'envie de nous faire découvrir leur pays.
La plus belle découverte de la journée se situait à quelques kilomètres, dans le parc national de Painted Desert et Petrified Forest.
Nous étions seuls ou presque à nous aventurer dans le parc, un orage menaçant à l'horizon. J'étais déçue, car les couleurs du Painted Desert étaient totalement éteintes par le ciel gris et bas.
Seul l'ocre rouge de la vieille batisse de la Painted Desert Inn tranchait violemment sous la pluie qui commençait à tomber.
A la recherche des arbres pétrifiés de la Petrified Forest, nous nous demandions s'il était prudent de rouler dans cette plaine désertique, qui pouvait s'inonder en un rien de temps.
Mais nous n'avions pas fait tous ces kilomètres pour rien, et nous voulions absolument voir à quoi ressemblaient ces troncs d'arbres.
L'orage ne fut pas trop violent, et l'air était saturé d'humidité quand nous avons pu enfin sortir découvrir cette forêt fossilisée, vieille de 225 millions d'années.
C'était comme se promener dans Jurassic Park. Une atmosphère de fin du monde, un ciel bas et sombre, pas un arbre vivant à l'horizon, mais une multitude de troncs figés pour l'éternité.
C'était beau et inquiétant, nous nous attendions presque à voir surgir un dinosaure...
Le bois devenu pierre...
Une forêt de quartz, d'améthyste, de jaspe, de calcédoine.
Une magie naturelle.
Sur le chemin du retour, alors que l'orage s'éloignait pour de bon, nous avons bifurqué vers Blue Mesa, un des sites remarquables du parc.
Seuls deux jeunes québecois étaient là, à contempler l'incroyable beauté des badlands, ces roches que l'érosion a teinté de bleu, de mauve, de violine, de blanc. Le chemin de randonnée descend au coeur de ces collines étranges.
On s'imagine alors sur la Lune, ou dans un film de science-fiction.
Le contraste des couleurs, les troncs d'arbres pétrifiés jonchant les abords du chemin, et ce silence...C'était comme si la vie avait abandonné ces lieux.
Comme si nous étions les survivants d'un cataclysme. Etrange impression, mélange de solitude, d'inquiétude et de sérénité...
J'avais abandonné tout espoir de voir ces fameux rouges et oranges du Painted Desert, quand tout à coup le soleil a jailli derrière les nuages, accompagné d'un arc-en-ciel.
Les roches se sont alors transformées, flamboyantes, contrastant sous le ciel d'orage, encore plus exacerbées par le noir des nuages au loin, et l'herbe presque céladon.
Un éblouissement.
Le coucher de soleil était spectaculaire ce soir-là sur la route 191 qui menait à Chinle, traversant un plateau immense à 1800 m d'altitude, en territoire Navajo.
En nous couchant au Thunderbird Lodge, nous avions l'impression d'avoir vécu deux journées en une seule, tant la variété des paysages et des lieux visités était grande.