L'Atelier en plein air - Musée Jacquemart André
Avec le printemps, je deviens avide de lumière, de couleurs.
Les beaux jours tardent à venir. Difficile d'échapper aux camaieus de gris que les caprices du temps ont décidé, par paresse peut-être, d'appliquer invariablement sur le ciel dès le petit matin.
Toute fenêtre de ciel bleu est une bouffée d'air frais, et même si cette fenêtre a la taille d'un tableau de Monet, de Pissaro, de Renoir ou de Caillebotte, l'effet est immédiat.
Une joyeuse énergie que je suis allée chercher au Musée Jacquemart-André, un lundi pluvieux du mois de mai.
L'exposition "Atelier en plein air, les impresionnistes en Normandie" est assez intimiste par la taille, mais réunit des oeuvres rarement vues, souvent issues de collections particulières, ou de musées étrangers.
La première salle nous plonge dans les débuts de l'impressionisme, et surtout les débuts de la peinture en plein air, au plus près du sujet.
Et c'est en Normandie que les peintres allaient chercher les palettes incroyables des ciels changeants, transformant l'art définitivement.
Les débuts sont encore assez académiques, réalistes, seuls les flamboiements des soleil couchant laissent deviner le tournant qui s'opère.
Puis vient Monet. Son paysage d'hiver est saisissant malgré une palette limitée. Tout son talent réside là, dans la difficulté de rendre vivant un paysage qui pourrait paraître figer sous sa couche de neige.
La salle d'après, et c'est l'explosion des couleurs qui saute aux yeux. Le mouvement que son pinceau de génie fait naître.
On se promène sur les planches de Trouville, dans la lumière éclatante du bord de mer.
On surprend Camille, rêveuse sous sa voilette, assise près de l'eau.
Franchissant une porte, la vue surplombant les maisons de Caillebotte est fascinante. La lumière de l'été semble sortir du tableau.
On retrouve les tempêtes magnifiques d'Eugène Boudin, qui nous avaient déjà impressionnés dans ce même musée, lors d'une précédente expo.
Et ce soleil couchant sur l'église de Varengeville ! Comment Monet réussissait-il à faire vibre la lumière en contre-jour sur ce pin maritime en haut de la falaise.
Dans cette salle, le match Courbet / Monet est remporté haut la main par ce dernier.
Sa falaise d'Etretat et l'arche si célèbre sont sublimées par l'audace des couleurs, loin du réalisme un peu trop précis de Courbet.
Un peu plus loin, Paul Signac réveille les sens avec cette perspective incroyable.
Moins connu, Eugène Le Poitevin nous décrit une scène de baignade ordinaire.
Il faut scruter chaque détail.
On est transporté plus d'un siècle en arrière, aux premiers bains de mer. Une mode venue d'Angleterre, allez comprendre ! Les anglais, malgré le froid et le temps maussade s'étaient pris de passion pour les villégiatures en bord de mer, et avaient transporté cette mode de l'autre côté du Channel !
Vous avez jusqu'au 25 juillet pour enfiler votre tenue de bain et rejoindre Monet, Caillebotte, Renoir, sur les planches de Deauville, Trouville, Etretat...au Musée Jacquemart-André !
Toutes les photos sont issues du numéro spécial de Connaissance des Arts