Tout concilier
J'ai écrit ce billet bien avant les attentats du 13 novembre. Je ne vous parlerai pas ici de l'immense tristesse et colère qui m'assaillent comme beaucoup d'entre nous.
Mais ce billet n'est cependant pas sans lien avec ce que nous avons vécu, car je vais parler ici de valeurs qui nous permettent à nous, femmes de France, de vivre librement sans entrave physique ou morale notre vie telle que nous l'entendons, et que ceux quI ont perpétré ces ignominies veulent combattre, comme toutes les valeurs et principes fondamentaux de notre société.
Ce sont bien ces valeurs-là que je veux défendre aujourd'hui plus que jamais.
J'ai réalisé il y a peu combien il était difficile encore pour une femme de tout concilier, entre vie active et vie personnelle.
Quand je parle de difficulté, ce n'est pas tant celle de réaliser la prouesse quotidienne d'arriver à mener de front des dossiers tout aussi urgents qu'importants et l'organisation familiale. Avec une bonne organisation, une répartition des rôles équitable, on y arrive parfaitement.
Non, je veux parler de la perception négative des gens qui considèrent cette situation comme anormale.
Et oui, au XXIe siècle, bon nombre de personnes autour de nous trouvent cela étrange que oui, une femme ait envie de s'épanouir dans son travail, accepte de prendre des responsabilités et les assume autant qu'un homme.
Et qu'en plus, un comble, elle ait un peu d'ambition !
Un mot à la limite de l'insupportable pour certains...
Quoi ?! J'aurais fait toutes ces années d'études pour rester coincée à la maison à regarder béatement pousser mes charmants bambins ?
Quoi ?! Je ne devrais trouver bonheur que dans les allers-retours entre l'école, la danse de l'une et le tennis de l'autre, à faire le taxi, faire les repas, ne concocter que des goûters maison cela va de soi, faire le ménage, le repassage, et recommencer le lendemain, 365 jours par an ?
Pourquoi les femmes qui travaillent et ont des responsabilités sont-elles perçues si négativement ? Est-ce de la jalousie, de l'envie ?
Un homme qui accomplit une belle carrière, rien de plus normal aux yeux de la société. J'en ai déjà parlé ici.
Mais une femme, cela devient suspect. C'est une carriériste, une ambitieuse avec tout ce que cela peut contenir de négatif et de péjoratif, voire, c'est une mauvaise mère...
Heureusement, l'univers professionnel dans lequel j'évolue me démontre chaque jour que décidément non, je ne suis pas un phénomène anormal et déplacé, mais bien une femme qui a réussi à atteindre ce à quoi elle aspirait, qui cherche à faire toujours de son mieux, et pour qui l'excellence n'est pas un vain mot.
Doutant soudain de ces certitudes, j'ai demandé aux enfants s'ils me percevaient comme une mère inexistante. Grand éclat de rire des deux ! La première chose qu'ils m'ont dit, c'est qu'ils sont très fiers de moi, et que la qualité étant préférable à la quantité, ils ne ressentaient pas de vide, bien au contraire (je les soupçonne même d'être plutôt contents d'être bien tranquilles sans leurs parents!).
Soulagée d"être confortée par "les prunelles de mes yeux", j'ai rejoint le groupe "Femmes et culture" qui rassemble les clientes et les avocates d'un des cabinets d'avocats avec lequel je travaille, et qui organise régulièrement des conférences entre femmes uniquement.
Ce soir là, Gonzague Saint-Bris était venu nous présenter avec panache les égéries de la littérature française, dans le magnifique hôtel Dosne-Thiers, place Saint-Georges dans le 9e.
Une soirée joyeuse, au milieu de mes paires.
Cela m'a fait un bien fou d'être entourée de femmes qui me comprenaient, et qui avançaient brillamment sans se soucier des objecteurs de conscience d'un autre siècle.
Et dans la foulée, je suis allée au ciné avec Héloïse voir LE NOUVEAU STAGIAIRE, avec Robert de Niro et Anne HATHAWAY, où celle-ci campe la brillante fondatrice d'une start-up en pleine expansion, qui se voit confrontée au regard et à la critique des autres, au doute, et qui trouve en DE NIRO un pilier qui la conforte dans son chemin passionnant. Une belle comédie, légère, mais pas seulement !
Restons plus que jamais vigilants et vigilantes afin que des idées venues d'un monde obscurantiste n'envahissent pas insidieusement notre société.