Carnets normands - En chemin vers la mer
Samedi matin, départ en weekend pour la Normandie tôt le matin pour éviter de se retrouver avec le flot des parisiens qui comme nous ont décidé d’aller voir la mer.
C’est le dernier jour de beau temps selon les grenouilles de Météo France, et nous ne sommes pas les seuls à vouloir profiter des rayons du soleil.
Saisir le prétexte des embouteillages qui bloquent le périph de Caen pour faire l'autoroute buissonnière et prendre les chemins de traverse.
Retrouver l'ancienne route, celle de Carpiquet que nous empruntions autrefois.
Le long ruban de la route épouse le paysage et les collines semblent former une houle régulière.
Sur le chemin de l’Elan, tout rappelle qu’il y a 70 ans bientôt le débarquement a eu lieu sur les plages alentours. L’architecture décousue est le témoin de la violence des combats et des bombardements.
Mais ce qui frappe le voyageur, ce sont les cimetières militaires qui jalonnent le parcours.
Dans ce joli bocage un peu fouillis, l’alignement parfait des petites tombes blanches semble vouloir arrêter le temps.
En pénétrant dans le cimetière militaire anglais de St Manvieu Norrey, c’est le silence qu’inspire ce lieu qui est saisissant.
Les enfants qui avaient envie de se défouler n’osent pas courir sur l’immense pelouse ou autour du grand arbre majestueux de l’entrée.
Ce lieu incite au calme, à la paix, au respect de ces hommes qui sont morts pour nous.
A pas lents, nous cheminons entre les tombes, entre les régiments de soldats écossais, ou venus de toute l’Angleterre, Royal Artillery, Royal Engineers, Staffordshire, Worcester, Somerset…
Et ce qui frappe le plus, ce sont leur âge, 18 ans pour les plus jeunes. Ils ont perdu la vie à peine sortis de l’adolescence, sur une terre inconnue, dans un village du bocage normand, après avoir pourtant réussi à débarquer sur ces plages terribles. Certains sont inconnus, Known unto God est-il inscrit sur leur tombe...
En silence et dans un profond recueillement, nous les saluons et les remercions du fond du cœur, tandis que le soleil illumine les belles stèles blanches et que la brise du nord fait danser les coquelicots et les tulipes plantés deci-delà, jolies touches de couleurs qui rendent l’endroit encore plus beau.
Puis, nous retournons dans notre siècle, vers nos vacances et notre insouciance. Les champs de colza éclairent le paysage de leur jaune éclatant sous le ciel menaçant.
Au bout de la longue route, il y a la mer, et devant la mer, il y a l’Elan.
L’ouverture officielle de la saison est prononcée sous un magnifique soleil de printemps. Les volets s’ouvrent sur la plage, la maison revit avec les cris de joie des enfants, les ballons qui trainent de nouveau dans le jardin, la balançoire qui reprend son activité, et moi qui sirote ma tasse de thé face à la mer, bien à l’abri du vent !